La FERME DU MANOIR était une ferme en tout point comme les autres.
Monsieur Jones, le propriétaire, y vivait avec sa femme et ses domestiques.
Il possédait un chien et deux chiennes. Dans l’arrière-cour se trouvaient les cochons, les poules et les moutons tandis que les vaches ruminaient tranquillement dans les champs qui bordaient l’exploitation.
Il y avait aussi Malabar le cheval de trait et Titou l’âne qui complétait la famille.
Tout ce petit monde vivait paisiblement le travail des champs jusqu’à un évènement qui vint bouleverser les habitudes.
Une rumeur disait que Cortex le cochon avait eu une grande idée pour la ferme. Il donna rendez-vous à tous les animaux dans la grange et aucun ne manquait à l’appel. Il monta aussitôt sur l’estrade et déclara :
« — Mes amis, regardons les choses en face. Notre vie est misérable. Nous travaillons du matin au soir sans aucun plaisir. Et tout cela à cause de qui ? De l’homme bien sûr ! Il vole notre travail. Il ne donne pas de lait et ne pond pas d’œufs. Pourtant il est le chef de tous les animaux et décide de nos vies. Révoltons-nous ! »
Les animaux n’avaient pas l’air convaincu. Malabar le cheval posa une question en premier :
— Si Monsieur Jones disparaît, qui va nous nourrir ?
Puis ce fut au tour de Frida la poule :
— Après la révolution, nous pondrons toujours des œufs ?
Cortex leva les yeux au ciel et se dit à lui-même que la révolte n’était pas pour demain. Puis la ferme reprit sa vie paisible.
Un camion arriva dans la cour et Monsieur Jones ordonna à quelques vaches de monter dedans.
Cortex qui se roulait dans la boue se dressa sur ses deux pattes et hurla : « Ne montez pas dans ce camion ou vous allez finir dans une assiette ! »
Les vaches se regardèrent un instant et d’un commun accord se jetèrent sur leurs bourreaux les cornes en avant. Les poules participèrent aussi à cette révolte à grand coup de bec. Puis ce sont tous les animaux qui mirent en déroute le fermier et sa famille. Ils étaient enfin libres !
Le lendemain, Cortex réunit les animaux devant l’entrée de la ferme.
« Cet endroit s’appelle à présent LA FERME DES ANIMAUX. Aucun humain ne pourra y entrer. Tout ce qui a deux pattes est désormais un ennemi à part la volaille et tout ce qui a quatre pattes est notre ami. Aucun animal ne pourra porter des vêtements ou dormir dans un lit. Et enfin aucun animal ne fera du mal à un autre. Nous sommes tous des frères, nous sommes tous égaux ! »
Les animaux levèrent les pattes en criant « hourra, vive la révolte des animaux ! ».
Puis tous les animaux regagnèrent les champs pour finir la fenaison.