LE ROYAUME DES NEIGES - tapuscrit (démo)

1. Prologue

Je m’appelle Oscar. Et comme beaucoup d’enfants ici à Baskland, je recherche l’aventure. J’aime courir derrière le danger, affronter des monstres juste pour le plaisir de leur écraser un gourdin sur la face. Je n’ai peur de rien et surtout pas de la baston. Et ce n’est pas ce qui manque ici. En se débrouillant bien, on peut frôler la mort à chaque fois qu’on se croit en sécurité. Avec toutes les bestioles étranges qui traînent dans le coin. Tartaro, Basa-Jaun, Laminak et j’en passe… Ces noms ne vous disent rien mais vous allez apprendre à les découvrir en entrant avec moi dans ce pays magique. Certains d’entre vous n’arriveront peut-être pas à gober tout ce que je raconte mais je vous demande de faire un effort. Tout ça vaut le coup d’être connu ! Alors je commence.

Tout est parti de rien. Tout a commencé par un pari. Je me rappelle, c’était quelque part dans une clairière à l’est de Nullepart. Un gnome de la forêt qui m’avait regardé de travers m’a dit à peu près ça : « Eh, lâche-moi, tu m’étrangles. Plutôt que de t’en prendre à plus faible que toi, deviens un vrai héros ».

— Je suis déjà un vrai héros, tu connais beaucoup d’enfants capables de martyriser un gnome de la forêt comme toi ?

— T’es une vraie poule mouillée oui. Poule mouillée, poule mouillée… Si tu veux devenir une vraie légende, j’ai ce qu’il faut pour toi. 

— Explique-moi petit gnome !

— Je parie que t’es même pas cap’ de gravir la montagne du royaume des neiges et d’affronter le Seigneur Rouge. Là tu montrerais ton courage et tu deviendrais le plus grand héros de tous les temps. 

Gravir la montagne sacrée ? Celle qu’aucun héros de Baskland n’a jamais réussi. Voilà certainement une aventure à ma mesure.


2. Aventure 1

— Oh la vache ! Je n’en peux plus, je suis carrément à la ramasse. Qu’est-ce que je fais là ?

Tout autour de moi était un nuage blanc et glacé. La montagne du royaume des neiges était pire que le pire ! Dès les premières pentes, je comprenais pourquoi même Inaki le Grand, la plus grande légende des héros de Baskland, avait échoué. On racontait qu’il était redescendu en suçant son pouce. Lui qui n’avait jamais perdu aucun combat et relevé les défis les plus déjantés, comme la fois où il avait roté intégralement l’alphabet des elfes à l’envers. Personne ne savait ce qu’il s’était passé dans le royaume des neiges mais ce héros était devenu complètement fou. Et je n’en étais déjà pas loin de le devenir. J’hallucinais total ! L’air ici était trop froid, la neige trop lourde et le vent trop piquant. Je voulais rentrer chez moi… faire un truc géant comme délivrer une princesse ou courir le royaume à la recherche d’un élixir magique… mais pas ça… Qui avait eu cette idée stupide ? Ah oui c’était ce maudit gnome de la forêt… et puis dans cet enfer glacé où tout se ressemblait qui pouvait me donner le chemin ?

Je restais, là, les deux jambes enfoncées dans la poudreuse à attendre un signe qui m’indiquerait la bonne direction. Eh bien voici la chose qui arriva. Au milieu de ce désert, passa un petit cochon rose trop bizarre. Il était simplement là, confortablement installé dans une marche paisible. Qui était-il pour dégager un tel sentiment de plénitude ? Par quel mystère possédait-il autant de calme et de sérénité ?

Il restait là à me fixer.

— Ok j’ai pigé, t’es un de ces imbéciles que je dois affronter pour atteindre le sommet ? 

Pas de réponse.

— Est-ce que tu connaîtrais par hasard le chemin pour sortir de cet endroit carrément déprimant ?

À cet instant, le cochon tortilla sa queue :

— Trouve ta route tout seul.

— Quelle idée géniale ! Excuse-moi de te dire ça mon pote mais elle craint du boudin ton idée. Je ne serais même pas capable de retrouver mon slip dans ce brouillard.

— Arrête de faire ton pleurnichard !

Il me dévisagea de ses deux yeux qui me prouvèrent que j’étais allé trop loin.

— Je peux te servir de guide à une condition, rajouta-t-il.

— Laquelle ?

J’étais prêt à tout pour sortir de cet endroit.

— Que tu passes devant ! ça pourrait être dangereux avec toutes ces crevasses, dit le cochon un sourire accroché à son groin.

Ce n’était pas réellement l’idée que je me faisais d’un guide mais voilà que j’acceptai sa proposition. Je passais devant et quand je me retournais pour voir ce qu’il mijotait, je le découvrais en train de siffloter ou de rigoler dans ses trois poils de barbe. Et les heures passèrent. La nuit finissait par tomber et la lune brillait haut dans le ciel. Je n’avais vraiment pas envie d’adresser la parole à ce sac à puces. Il venait de se taper l’incruste derrière mon dos. C’était décidé, j’étais sûr de moi à 80%, j’allais me le farcir, lui faire tâter de mon épée. Mais des bruits me poussèrent à renoncer à mon plan. D’un coup, des hurlements menaçants emplissaient le ciel et des ombres inquiétantes imprégnaient la piste.

Tout va bien, tout va bien, t’as rien vu d’effrayant Oscar.

Et le cochon ne bougeait pas. Il me fixait avec toujours ce sourire débile aux lèvres.

Ce petit bruit qu’il était difficile d’entendre quelques minutes auparavant s’amplifia jusqu’à devenir un tintamarre de cris assourdissants.

Je levai la tête au ciel et aperçus des immenses ombres noires tourbillonnantes qui tapissaient le ciel comme un cyclone. Tous ces tourbillons noirs vinrent se poser sur la route, ce qui m’obligea à m’arrêter. Et les cris continuaient à s’agiter traversant mes oreilles comme des éclairs de foudre.

Si tu veux savoir ce que c’est, dit le cochon en haussant la voix pour couvrir les bruits, allume cette lampe et tu auras la solution ! 

Je braquai la lampe en direction des ombres noires et le rayon de lumière éclaira alors toute une famille de dragons.

— Qu’est-ce qu’ils boutiquent ?

— Tu ne vois pas ? répondit le cochon, ils sont tranquillement en train de nourrir leurs petits.

— Ah c’est tout ? Hé hé… Rassure-toi je faisais semblant d’avoir peur…

— Tu t’es fait caca dessus oui… Nous avons eu la démonstration de ce que peut produire ton imagination, déclara le cochon en ricanant... La peur t’a envahi alors qu’il n’y avait aucun danger. La peur et le danger sont deux choses différentes.

— Bravo mon pote, c’est sûrement le moment où je dois te remercier pour cette leçon. Tu m’as eu, je ne m’attendais pas à un truc pareil. Mais tu ne m’as toujours pas donné le chemin pour sortir de cette montagne qui me fout le cafard. Alors en route !


3. Aventure 2

Lorsque le matin arriva, je n’avais pas fermé un œil de la nuit. Je me sentais malade et frigorifié. Ce maudit cochon semblait ne souffrir de rien et je me demandais peu à peu pourquoi il s’encombrait d’un mec comme moi et surtout qui l’avait envoyé à ma rencontre. Mais l’heure n’était pas à toutes ces questions. Il fallait trouver mon chemin jusqu’au Seigneur Rouge, quand :

RRRRRRRRRRRRRRRRRRR !

— Attends, c’est quoi ce bruit que j’entends ?

Je me retournai. Le cochon avait disparu. Je me frayai un chemin à travers la végétation :

— Mon dieu ! Qu’est-ce que c’est que ça ?

Une femme assise en tailleur était posée là, dans une transe phénoménale. Elle ressemblait à un gros yéti en train de grogner.

— Tu es Oscar le petit héros, fit-elle en gardant les yeux fermés. Je suis Basa Andare, la princesse sauvage. Je peux lire dans le futur. Alors voudrais-tu savoir quel sera ton avenir dans cette aventure ?

— Ouéééé c’est ça que je veux… ça me plaît comme idée.

— Alors laisse-moi me concentrer, fit la femme.

— Hé tu gardes toujours les yeux fermés ? Tu me vois là ?

— Oui ! Arrête de te gratter le nez, c’est dégoûtant.

Puis elle ouvrit ses bras haut vers le ciel :

— Mes visions apparaissent. Tu perdras dans ton aventure ta gourmette porte-chance que tu as héritée de ton père.

— Hey je t’ai vu, tu viens de la mettre dans ta poche.

— Voilà qui résout le mystère de la gourmette, répondit-elle en me tendant l’objet.

— C’est de l’arnaque ton truc !

Puis elle posa deux doigts poilus entre ses deux yeux :

— Attends… une deuxième vision m’apparaît : je te vois caché derrière une énorme pierre poursuivi par un monstre terrifiant.

— Tous les monstres ici sont démoniaques. Merci pour l’information. Elles sont minables tes prédictions.

— Et maintenant je vois un arbre, et un oiseau qui se pose sur une branche.

— T’es sérieuse ? tu viens d’ouvrir les yeux et tu me décris ce qu’il y a devant toi. 

— Pardon… dit-elle. Puis elle se parla en aparté en chuchotant : garde les yeux fermés… garde les yeux fermés.

— Quelle autre super-vérité venue du futur peux-tu me dire encore ? 

— Eh bien, dit la Basa Andare, qu’il est difficile d’échapper à son destin ! 

La femme se leva et commença à tourner les talons.

— Quoi ? tu ne vas pas t’arrêter maintenant ! Je vais hurler jusqu’à ce que tu me parles plus clairement… AAAAAHHHHHHHHHHHH.

— D’accord, dit la femme, arrête cette torture ! Tu affronteras prochainement le Tartaro, le grand cyclope qui terrorise la forêt !

Je ne savais pas si cette femme était complètement folle mais je sentais au fond de moi que ce qu’elle disait était exact.

— Est-ce que je le vaincrai ?

— Cette vérité-là, toi seul la possède. Bonne chance à toi ! termina le Basa Andare qui disparut dans les broussailles.


4. Aventure 3

Quand je quittai la Basa-Andare, j’étais très excité par l’instant où je rencontrerai le grand cyclope même si je me demandais si cette femme n’était pas fêlée du ciboulot et que tout ce qu’elle racontait n’était que pures balivernes. Je sombrais alors dans mes pensées quand je perçus un truc bizarre au loin.

— Waouh ! UN MÉGA TOURBILLON de poussière juste en face de moi ! Qu’est-ce que c’est que ce bazar ?

Je me cachai derrière les bosquets. Puis le nuage se dissipa et j’aperçus un grand cyclope poilu mesurant trois ou quatre mètres de haut en train d’arracher des énormes blocs de roches et des grands arbres millénaires. Il déployait une énergie folle et c’était comme un jet d’énergie qui tournicotait au milieu des grands sapins.

— Le Tartaro ! dit le cochon qui se tenait derrière mon dos.

— T’es encore là toi ! Ne crois pas que je me cache, ça fait partie du plan.

— Regarde sa taille, sa fourrure, ses yeux, la force dans ses mains, il peut broyer n’importe quel humain, continua le cochon… C’est à toi de jouer ! Tu dois l’affronter ! Tu as rendez-vous avec ton destin !

— Il a l’air de kiffer la destruction ! Il va me mettre en charpie !

— La peur de la mort est plus douloureuse que la mort elle-même ! philosopha le cochon. Ne pense pas à cela. N’oublie pas que tu provoqueras toujours ce que tu crains !

Je me levai de ma cachette et le soleil projeta mon ombre sur la rétine du cyclope qui se retourna aussitôt :

— Alors petit homme ! dit le cyclope. C’est un minuscule moustique comme toi qui vient défier la plus féroce et la plus forte de toutes les créatures vivant dans cette montagne ?

— Tu penses avec tes yeux grand dadais ! Je suis peut-être plus petit mais qui te dit que je ne suis pas plus fort que toi !

— Eh bien, nous allons voir ! Nous allons lancer chacun à notre tour un caillou le plus loin possible, proposa le géant.

— Pas de problème, j’adore les jeux !

Le Tartaro déracina alors un gros rocher surmonté d’un arbuste et le lança dans les airs à plusieurs kilomètres de là dans un énorme mugissement.

— C’est naze ! Tu ne peux pas faire mieux ? 

Je saisis alors un petit caillou qui traînait par là et le conservai dans le creux de ma main fermée.

— Et maintenant regarde ça mon gros !

Le caillou s’envola dans les airs en un éclair et continua de monter très haut jusqu’au moment où il disparut derrière l’horizon.

— Sans rancune et adieu !

Une larme coula de l’œil du Tartaro et bientôt un flot de pleurs se saisit entièrement du monstre qui laissait aller sa tristesse.

— Héhé… ce crétin n’a même pas remarqué que le caillou dissimulé dans ma main était en réalité un oiseau. Oups… je ne devrais peut-être pas dire ça tout haut.

— Quoi ???? hurla le monstre.

Je me mis à courir à travers les forêts de hêtres. J’avais un peu de temps avant que l’information n’arrive au cerveau du Tartaro.

Je descendais l’escarpement en grandes foulées, rebondissant sur les arêtes des rochers qui perçaient la fougère. Tout était parfait jusqu’à ce que… la LOOOOOOOSE ! Qui a mit ça sur mon passage ? Un grand torrent dévalait une pente raide.

— Vite Oscar réfléchis ! Alors, c’est simple j’ai deux options. Soit, je fais demi-tour et je vais me faire trucider par un cyclope de 4 mètres de haut, soit je saute par-dessus ce torrent au risque de lamentablement m’écraser dans ces rapides. Je dois utiliser mes points forts. Mais quels sont-ils ? Voici un souvenir de quelques extraits de mes bulletins de notes de l’école des héros :

Saut en hauteur : Malgré tous ses efforts, le conseil de classe se demande si Oscar n’a pas du plomb dans les fesses. Il faudrait passer un scanner.

Combat : Oscar possède une aptitude innée pour la violence et le chaos. Néanmoins, il rencontre des difficultés contre des ennemis plus grands que lui et qui possèdent un seul œil.

Et flûte !